Pour l’emploi des seniors, Patrick Mayo marche jusqu’à Strasbourg

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Quinqua67 soutient et participe à l’action de Patrick Mayo. Vous trouverez les modalités de particiption sur le site de Quinqua67.


Article de Françoise Zimmermann © Dernières Nouvelles d’Alsace - du 20.5.2005

Fatigué, les yeux rougis par l’effort, Patrick Mayo arrive au bout de sa longue marche. Il vient de s’arrêter à Mulhouse. Demain, ce sera Colmar, puis Sélestat, Benfeld et enfin Strasbourg le 24. Il aura parcouru 1 000 km pour faire entendre la cause des seniors au chômage. Avec tellement peu d’échos auprès des politiques et des chefs d’entreprise ...

« Personne ne bouge . » Celui qui se qualifie lui-même de pèlerin a l’air un peu découragé. Parti de Fontainebleau le 20 avril dernier, il marche jour après jour pour porter le message des seniors au chômage. « Nous avons envoyé 450 lettres aux députés, députés européens, maires, Medef régionaux. Mais quand on arrive, on ne trouve personne, ni les politiques, ni les entreprises, ni les demandeurs d’emploi. Je dis à tous les chômeurs qui se plaignent sur les forums, derrière leurs ordinateurs, soyez une force vive, descendez dans la rue, relevez la tête. C’est comme cela que vous vous ferez entendre. »

Mais le message passe difficilement. A Mulhouse pourtant, Patrick Mayo a été reçu par deux adjoints au maire, Mireille Godefroy et Philippe Maitreau. Mais pas de chef d’entreprise. Le Medef par contre a confirmé qu’il recevra le marcheur à Colmar. Quant à la dernière étape à Strasbourg, Patrick Mayo est amer : « On nous ferme les portes partout, au Parlement européen, au ! Conseil de l’Europe. A la Ville, on ne sait pas encore, à ce jour, si on sera reçu. »

Cette marche pour l’emploi des seniors semble gêner. Il faut dire que Patrick Mayo et les trois autres chômeurs qui l’ont rejoint sur la route racontent des histoires tristes.

Histoires tristes : 1 000 demandes d’emploi

JeanTessier, ancien consultant en entreprise, 57 ans maintenant, compte 10 ans de chômage, « dix ans de rejet » dit-il, après avoir fait 1 000 demandes d’emploi.

Hervé Miserey, 50 ans, était chargé d’affaires. Il est au chômage depuis plus de deux ans.

Philippe Merle, 48 ans, cadre commercial dans le transport, au chômage depuis deux ans, se fait répondre ou bien qu’il est trop cher, ou qu’il est trop qualifié, ou qu’il est trop vieux. Ils étaient cadres il y a peu. Ils sont tous au RMI

« Nous sommes 1,1 million de chômeurs de plus de 55 ans, sans compter les DRE (dispensés de recherche d’emploi) », précise Patrick Mayo qui a pris la route un jour « suite à un hiver sombre ». « Fin 2004, j’étais mal dans ma tête, après avoir épuisé les recherches d’emploi classiques, tous les réseaux, avoir ramassé des feuilles. Je suis parti pour exister. »

Avec lui, le groupe apporte des propositions. « Nous demandons que les demandeurs d’emploi, tout confondu, soient représentés. Parce que les syndicats actuels ne sont pas représentatifs des chômeurs, mais seulement de 10% de la population active », critique Patrick Mayo en égratignant aussi au passage l’ANPE et l’APEC : « Ils ne mènent à rien. Si on leur demandait de travailler avec des résultats ? »

Finalement, il pose cette dernière question : « Une Europe avec des laissés-pour-compte, est-ce possible ? » Dans quelques heures, il reprendra sa marche et ce sera dur.