Les différentes formes de violences

Article DNA du 20 mars 2003

Invité par l’association Citoyenneté et Démocratie locale le 14 mars à la salle des fêtes de Brumath, le professeur Michel Tardy a traité des "différentes formes de violence" sous l’angle de sa spécialité, les sciences de l’éducation. "Nous sommes tous des violents en puissance, capables de passer à l’acte à tout moment", a-t-il déclaré. "C’est l’éducation qui met en face les barrages (toujours) fragiles de culture pour aider l’homme à maîtriser ses passions". Tâche difficile dans une société marquée par des attaques en règle contre la pensée et dans laquelle triomphent l’individualisme et la loi du plus fort.

Violence de la télévision

Prenant ses distances avec Mme Blandine Kriegel,auteur d’un rapport sur la violence à la télévision, Michel Tardy préfère s’attarder sur la violence de la télévision car, dit-il, "il faut s’attaquer aux causes et non aux symptômes de la violence".
Et la télévision établit en maintes occasions un rapport de violence avec le téléspectateur. Et le professeur Tardy de pointer du doigt les animateurs dont la fonction est d’assurer une médiation entre les invités et la grande famille dispersée des téléspectateurs. " Ils devraient être attentifs à l’invité et respectueux des téléspectateurs." Or,ils volent souvent la vedette à leurs invités. Ce sont des usurpateurs, qui sont devenus des "maître à penser" et qui transforment la société des téléspectateurs sans être mandatés pour le faire.
Ce sont des "directeurs inconscients de de la conscience universelle". A travers quelques exemples pris dans l’actualité,
Michel Tardy montre que les bouffées d’humanisme sont, aujourd’hui, vite étouffées par le mercantilisme triomphant.
En novembre 2001, l’Organisation mondiale du commerce a cru tenir la solution pour enrayer les épidémies qui déciment les populations des pays les plus pauvres en utilisant les médicaments génériques.
Les Etats-Unis ont bloqué les textes d’application, contraires à leurs intérêts. Autre exemple évoqué par le professeur Tardy, les dégazages intentionnels en pleine mer - 158 cas repérés en 2002 -utilisés pour faire des économies au mépris du respect de l’environnement. Dans les deux cas, dit-il "ceux qui ont le pouvoir violent cyniquement le droit".
Pas étonnant alors que des jeunes donnent en suspicion l’école, coupable - selon eux - "de ne pas leur apprendre la vraie vie". Lorsqu’un grand terrorise un petit et le pousse à commettre des vilenies,lorsqu’un autre rend impuissant par ses quolibets un éducateur, ne reproduisent-ils pas les comportements qui leur sont donnés en spectacle en pensant que le monde est ainsi fait ?

Et l’école ?
Michel Tardy ne pouvait pas passer sous silence le reproche souvent fait à l’école d’exercer une violence institutionnelle. Il est infondé, selon lui.
"L’inscription à l’école a valeur de contrat. Il est signé par deux parties consentantes et les droits et devoirs de chacun sont parfaitement définis".
Et le professeur Tardy de rappeler qu’il n’y a pas violence dès lors que "mes" droits et "mes" obligations sont définis par une institution habilitée à le faire.
Les observations de Michel Tardy ont donné lieu à beaucoup de questions et de témoignages, parfois très personnels de parents, qui marquent bien le lien entre responsabilité personnelle et collective.

Prochaine conférence
La prochaine conférence-débat aura lieu vendredi 4 avril, à 20h, au restaurant scolaire du collège de Brumath.
François Galichet, professeur de philosophie à l’Institut universitaire de formation des maîtres d’Alsace, tentera de répondre aux questions suivants :
"Quelles finalités pour l’école ? Pour quels engagements ? Avec quelles responsabilités ?"