4 novembre : « la place de la santé dans la société et en Alsace »

Les organisateurs le savaient. L’Observatoire régional de la santé d’Alsace n’est pas encore une structure connue du grand public. La conférence-débat du mardi 4 novembre à la Salle des fêtes s’est tenue devant un public choisi qui a pu saisir combien il est devenu une structure incontournable dans la connaissance des problèmes de santé et de leur évolution.

Les études de l’Observatoire fondent les décisions politiques de l’Etat, de la Région et du Département. Elles concernent non seulement les professionnels mais l’ensemble des populations comme en témoignent, par exemple, ses analyses de la démographie des professions médicales et paramédicales par canton.

Son président, Claude Régnier, a donc présenté l’ensemble des missions de cette institution créée il y a vingt ans comme dans toutes les régions françaises, ainsi que les principales études jusqu’aux plus récentes fondant, par exemple, le Deuxième plan gérontologique d’Alsace. C’est dire que l’éventail des sujets abordés était vaste. Rien d’étonnant non plus puisque la santé, et cela a été précisé d’emblée par le conférencier, ne saurait être limitée à la non-maladie. Ancien professeur de démographie à l’Université des sciences humaines qu’il a eu l’honneur de présider, Claude Régnier ne pouvait que défendre une approche large de la santé incluant les conditions d’habitation, de travail et de vie des populations, sans oublier les valeurs sociales et culturelles, notamment alimentaires.

Si la canicule de l’été a été une référence pour poser des problèmes de santé publique, l’orateur a rappelé une évidence : « une société se juge à l’accueil qu’elle fait à ses jeunes et à ses personnes âgées ». Or, l’été 2003 a été une interpellation forte sur les valeurs de solidarité à défendre bien que l’Alsace ait été une des régions les moins affectées par rapport à d’autres dont l’Ile de France. Et d’insister, en contrepartie, sur le fait, comme on le lit régulièrement dans la presse régionale, que l’Alsace, malgré une offre de soins plus dense qu’ailleurs, connaît des taux de surmortalité supérieurs à la moyenne nationale. Les maladies cardiovasculaires et les maladies tumorales sont particulièrement visées. Si, dans ce dernier exemple, l’Alsace est au premier rang des régions pour les hommes et au deuxième pour les femmes, on sait que cela tient aux modes de vie et aux habitudes alimentaires.

Dans ses recommandations, l’Observatoire encourage certes l’amélioration des capacités et conditions d’accueil des personnes âgées dépendantes dans les équipements adaptés, mais souhaite que les pouvoirs publics aillent au-delà en favorisant l’action des « aidants » et le soutien du maintien à domicile par le développement de l’aide-ménagère. L’avancée en âge, si elle est un progrès incontestable par rapport au passé, implique d’autant plus une organisation sociale et une solidarité que ses conséquences sont connues et prévisibles. Les jeunes ont également été évoqués comme priorité des réflexions de l’Observatoire, en particulier à partir du « Baromètre santé-jeunes » et l’examen de santé à l’entrée du cours préparatoire. Ses études sur les 12-25 ont révélé des disparités en matières de santé liées aux conditions de vie et d’habitation. Ainsi, a-t-on, appris que 13% des enfants d’ouvriers ne prennent pas de petit-déjeuner, que les filles fument de plus en plus et de plus en plus tôt dès le collège etc.…

Sans reprendre toutes les données fournies par le professeur Régnier, les participants auront aussi appris que pour la densité médicale et au vu de l’augmentation comparée des populations, le canton de Brumath pourrait théoriquement accueillir dix médecins libéraux de plus par rapport à la moyenne alsacienne, que l’évolution de la densité des ophtalmologues va poser des problèmes croissants pour le suivi des maladies oculaires. Il en va de même pour les infirmières libérales et l’avenir des soins à domicile. Bref, faute de pouvoir dresser un tableau général complet de la situation de la santé en Alsace, le conférencier a levé bien des questions pour l’avenir.

Leurs réponses sont inévitablement du domaine des politiques publiques d’une part, mais aussi du domaine social et de la solidarité qui en découle entre les générations. Comme cela a été rappelé au cours des débats à propos de la canicule de l’été, les personnes âgées qui en ont souffert ou qui en sont mortes étaient pour la plupart dans l’isolement social.

La prochaine conférence annoncée de l’association portera sur « la préservation de l’eau comme ressource naturelle ». L’intervenant sera Jean-Laurent Vonau, conseiller général de Soultz sous Forêts, une personnalité connue pour la maîtrise de ce sujet en Alsace.